mardi 26 février 2008

SEMINAIRE DU 12 MARS 2008

Bonjour à tous,
Notre prochain séminaire aura lieu le mercredi 12 mars à partir de 17 H, salle des professeurs, Département des Sciences de l'éducation.
Au programme :
1 -Un échange autour de deux textes correspondant à l'axe 2 de notre sous-équipe de recherche : "Gouvernance et collaboration". Il s'agit d'une part de la présentation de l'ouvrage de P. Moreau-Defarges, La gouvernance (PUF, 2003) et d'un projet de recherche de J.-L. Derouet et R. Normand "Le Nouveau Management Public entre marché et obligation de résultats ..." (Projet ANR, 2007).
Par commodité, nous avons opté pour l'envoi de ces deux textes que vous recevrez donc par voie postale. Mais nous n'avons pas toutes vos adresses. Aussi pouvez-vous retirer ceux-ci à notre secrétariat (Mme Turpain).
2 - A la suite de son intervention à Lisbonne, Alain Baudrit nous donnera des informations sur des pistes de travail relatives à notre troisième axe de travail : "Tutorat et pédagogie universitaire".
Venez nombreux pour des échanges toujours aussi fructueux.
Bien cordialement,
J. Rich

7 commentaires:

Alain a dit…

Venez très nombreux

A. BAUDRIT

Alain a dit…

Et lisez les deux textes étudiés lors de ce séminaire.

A. B.

Alain a dit…

N'oubliez pas, non plus, de consulter la partie basse de ce blog. Vous y trouverez les activités scientifiques et axes de recherche de la sous-équipe DEFP.

A. B.

Alain a dit…

Et passez quand même de bonnes vacances.

A. B.

Alain a dit…

Je viens de recevoir un courriel (suspect) d'Alain Guerrier sur les modes de gouvernance. En est-il l'auteur ? Une réponse m'aidera à apprécier la validité de cet courriel.

Avec mes remerciements

A. B.

Alain a dit…

J'ai maintenant une réponse au commentaire précédent.

A. B.

D.E.F.P. a dit…

De la part d'Alain GUERRIER :

Brouillon Humeur…
Gouvernance.
Ce mot fait partie de la famille du grec kubernân « diriger », qui a donné kubernêtês « pilote » et kubernêtikê « art du pilotage ». Il a évolué en langue latine sous la forme de gubernâre « gouverner », terme nautique d’où gubernâculum « gouvernail ». Il est apparu en France dans les années 1990 par l’intermédiaire du mot anglais governance. A ce moment, il y avait une réflexion profonde sur le rôle de l’Etat et notamment sur sa difficulté à asseoir sa légitimité à travers sa peine à répondre aux besoins socio-économiques par des politiques publiques appropriées.
Ce concept tendrait à venir actuellement dans le champ de l’école. L’Education Nationale trouve-t-elle que sa légitimité est mise à mal ? Pense-t-elle ne pas répondre au plus près au besoin socio-économique de la société actuelle ? Se sent-elle éloignée du monde du travail ? J’ai souhaité interroger les principes de la gouvernance pour les mettre face à ces questions. Cette notion de gouvernance « s’inscrit dans la constellation d’idées produites par la mondialisation. […Elle] s’inscrit dans cette quête permanente de meilleurs systèmes de gestion des hommes et des ressources. » (Moreau Defarges, p. 6-7). A quoi donc pensait l’Education Nationale lorsqu’elle a écrit le Socle Commun des Connaissances et des Compétences.

La lecture attentive de ce texte me semble proposer un contenu qui n’est pas si éloigné du concept de gouvernance. Ce texte « réaffirme le pacte de l’Ecole avec la Nation, c’est à dire que la Nation s’engage à instruire les enfants, à leur donner un savoir vivant qui transmette les grands héritages, les ouvre aux réalités de leur temps et les prépare à réussir leur vie. ». Cette notion d’engagement tend à montrer combien les corps politiques de la société actuelle veulent se rapprocher de ses demandes tout en étant à l’écoute d’un monde économique en mouvement. A l’intérieur du texte du Socle Commun des Connaissances et des Compétences, il faut regarder attentivement celui concernant la Culture Humaniste.
Peut-on faire un lien entre le début du XVème siècle et notre début de millénaire ? Ce n’est peut-être pas si innocent si Moreau Defarges écrit que « cette thématique de la gouvernance plonge ses racines dans la grande rupture de la modernité. […] Il s’agit de libérer le monde de l’emprise du sacré, de le séculariser. » (Moreau Defarges, p. 6) Nous reviendrons plus loin sur la laïcité ! Loin de moi toute prétention, je ne suis pas historien. Mais, malgré tout, ne peut-on pas s’interroger quant à l’apparition d’évènements et de textes. A cette époque, les Turcs étaient bien sur le devant de la scène en prenant Constantinople en 1453 et la chrétienté occidentale et orientale se divisaient. Soixante quatre ans plus tard, l’affichage à Wittenberg des quatre-vingt-quinze articles devait scinder la chrétienté occidentale avec les conséquences que l’on sait sur les plans religieux, intellectuel, artistique, social, économique. Et personne en ce temps là ne pouvait imaginer que deux religions puissent cohabiter ! Actuellement, nous serions plus dans un moment de tolérance plus ou moins obligée que de coexistence vivante : il est clair tout de même que le fait religieux est particulièrement interrogé.
Dans un autre domaine, l’expansion européenne au XVème siècle a chamboulé les univers culturels : ni la Terre, ni l’homme, ni l’Europe n’étaient plus le centre de toute chose. Les échanges s’accéléraient. Le savoir ancien, détenu comme immuable et comme vrai était mis à mal par une connaissance nouvelle basée sur une recherche en marche, avec tout ce que cela comporte comme questionnements et incertitudes. Or si l’homme cherche toujours des réponses à ses questions, il recherche aussi des certitudes. Les beaux parleurs le savent bien : ils en usent et en abusent ! Actuellement, « internet » abat les distances, les proportions et bouscule la notion de temps. Les repères spatio-temporel s’en trouvent chamboulés.
Le monde de l’époque bougeait et notre pays n’échappait pas à ces ruptures qui entraînaient tant de questionnements et d’incertitudes. La langue française était-elle attaquée pour que Du Bellay publiât « Défense et illustration de la langue française »? Les amours se dévoilaient-ils à la lecture de « Les Amours » édités par Ronsard ? Les chants à la messe ne devaient-ils servir que le texte et non ce qu’ils inspiraient quand Palestrina faisait entendre sa « Messe du pape Marcel » pour six voix ? La religion prenait-elle le pas sur la foi ?

Face à cela, le mouvement historique de l’humanisme qui naissait alors n’exprimait pas une philosophie déterminée : la gouvernance non plus ! Ce mouvement se caractérisait par le pacifisme, l’esprit d’œcuménisme et parfois de cosmopolitisme, l’amour du peuple, la volonté d’équilibre et d’harmonie entre les pouvoirs : la gouvernance aussi ! En ce qui concerne les moyens pour y arriver, le destin des hommes faisait préférer aux Thomas More, Colet, Ximénès, Vives, Lefèvre d’Etaples, Érasme, Sadolet, Wimpheling, Montaigne, Rabelais…et combien d’autres une réforme intérieure à un renversement brutal des institutions sociales : ils prônaient le triomphe nécessaire de l’esprit. Ce n’était pas une démarche révolutionnaire : la gouvernance non plus. Pour le révolutionnaire, l’homme nouveau qui découlera de cette révolution doit passer par l’expérience de la radicalité (lutte clandestine, guérilla, terrorisme…) Or, « pour la gouvernance, toute revendication est respectable si elle manifeste de manière raisonnable. » La raison n’est pas du domaine de la radicalité.
Ce sentiment se retrouve dans cette phrase de Pierre Calame : « Le premier objectif de la gouvernance est d'apprendre à vivre ensemble et à gérer pacifiquement la maison commune ; d'y assurer les conditions de la survie, de la paix, de l'épanouissement et de l'équilibre entre l'humanité et la biosphère ». N’est-ce pas ce qui est écrit dans le Socle Commun des Connaissances et des Compétences : « En donnant des repères communs pour comprendre, la culture humaniste participe à la construction du sentiment d'appartenance à la communauté des citoyens, aide à la formation d'opinions raisonnées, prépare chacun à la construction de sa propre culture et conditionne son ouverture au monde. » Tout un programme ! En cela , la gouvernance implique la mise en présence d’acteurs divers qui se meuvent dans un principe démocratique dans le but avoué de servir la société et ses valeurs momentanément acceptées.

Quels acteurs ?
Parce qu’il y a l’idée d’une construction permanente d’un monde en paix la gouvernance, si l’on suit ce que dit Moreau Defarges, repose sur un triangle d’acteurs qui s’autocontrôle et s’autorégule : le monde dans sa globalité, les Etats dits souverains, aux territoires et aux populations précises et les individus pris en tant que personnes, c’est à dire bien plus que des individus considérés quant à leur apparence, à leur réalité physique, mais comme des êtres conscients, doués de raison, libres et responsables. Nous retrouvons cette idée de rupture, de libérer l’homme de toute inféodation. Libres de dire non à l’ambition démesurée de quelques uns, à l’hégémonie de quelques autres. Mais, nous savons bien et P. Moreau Defarges le rappelle, « Ce partage des terres, des ressources, des talents est le fruit de l’Histoire, de victoires, de défaites. Il n’est guidé par aucune justice. » (p. 15). Il y va de la survie de l’humain pour maîtriser les armes de destructions massives, les déséquilibres que l’homme fait subir à la nature ainsi que les risques de pandémie. Sans doute faudrait-il relire la « Première histoire du Docteur Faust » parue en Allemagne suivie en Angleterre par Marlowe de la « Tragique histoire du Docteur Faust », livres édités en fin du XVIème siècle…

Ramené à l’école, le triangle d’acteurs reste les personnels de l’Education nationale, les élèves et leurs parents, intra muros et extra muros. Ces acteurs tentent de répondre à trois questions : préparer l’élève à son insertion professionnelle par des connaissances à acquérir, assurer l’ordre interne de l’établissement, c’est à dire, entre autres choses, gérer des différents pour qu’ils ne deviennent pas des conflits, faire vivre une solidarité sociale pour que les silencieux s’essayent à la parole. Sommes-nous loin de ce lieu où pourrait (devrait) se préparer à la possibilité de rupture, en gardant l’une des idées de la gouvernance : rupture n’est pas rejet ? Développer des compétences ne peut se dissocier de développer des connaissances dans tous les domaines. Ces dernières sont bien des représentations organisées du réel ou de l'action sur le réel (les savoir-faire pratiques renvoient toujours à des savoirs). Par contre, si former à des compétences n'équivaut pas à former à des compétences professionnelles, toute compétence doit mobiliser des connaissances et des méthodes issues de diverses disciplines pour rejaillir dans le monde professionnel. Ainsi se pensait les écoles humanistes comme celles de Deventer aux Pays-Bas ou de Saint-Paul de Londres, du Corpus Christi College d’Oxford, du “ Gymnase ” strasbourgeois de Sturm, ou de ces établissements d’enseignement supérieur tels que le Collège trilingue de Louvain, celui d’Alcala de Henares, ou celui des “ lecteurs royaux ” de Paris . C’est vrai qu’il faudra attendre quelques siècles pour que l’école primaire soit concernée ! Mais nous y sommes.
Intra muros, l’enseignant est un acteur au même titre que l’élève et la notion de pouvoir change : comment ceux qui occupent la place depuis longtemps peuvent-ils partager cette gouvernance avec ceux qui ne sont que de passage ? Pourtant, un enseignant est responsable devant ses élèves et leurs responsables légaux dont il prendra soin de consulter régulièrement, si l’on suit l’idée de gouvernance ! Il doit avoir le souci d’excellence quant à l’utilisation des connaissances acquises en diverses situations. Que fait-il pour favoriser le transfert et l’adaptabilité qui deviennent essentiels ?
Ce triangle voit l’un de ses sommets, celui du personnel de l’Education Nationale investit d’autres partenaires, attentifs aux gestions scolaires : les collectivités locales, les agences, les associations, les entreprises. L’enseignant n’a plus aucun monopole. Il sera vite exclu s’il s’enferme dans sa tour d’ivoire. A lui de montrer, de prouver sa compétence : il a obligation de résultats et doit accepter la concurrence !

Et dans ce principe, les acteurs sont censés s’autocontrôler et s’autoréguler car « dans la gouvernance, tout doit et peut être discuté » (Moreau Defarges, p. 64).

Quels modes de régulation ?
La gouvernance impose une organisation de contrôle de la gestion du lieu. Tout contrôle suppose une évaluation ! Mais comment évaluer une capacité de gestion sans l’accomplissement de performances ? Que veut dire une performance si elle n’est pas liée à une capacité ? Peut-on évaluer un acteur indépendamment de son parcours ? Comment juger ce parcours sans connaître où en était l’évalué avant ce parcours et où il en est après ce parcours ? « C’est donc à une nouvelle culture de l’évaluation que se confrontent les cadres (Thélot, Joutard, 1999) » (in Normand, p. 3). « A travers, l’obligation des résultats, un des changements décisifs concerne la nouvelle relation désormais établie entre la réussite des élèves, domaine de la pédagogie, et la performance des établissements, domaine du management. » (Normand, p. 5). Que dit la formation initiale (et continue) sur ce sujet ? Voilà une autre rupture : passer d’une évaluation considérée comme une sanction (quelle prétention) à une évaluation ressentie comme une mise en valeur.

Quels enjeux ?
Compte tenu des grands défis qui se posent au monde, les ministres européens de l’éducation ont voulu doter le vieux continent d’un instrument tendant à améliorer la qualité et l’efficacité des systèmes d’éducation et de formation, souhaitant en faciliter l’accès à tous, les ouvrant ainsi au monde. Le texte concernant le Socle Commun des Connaissances et des compétences est à considérer dans le cadre de l’harmonisation des systèmes éducatifs européens tout en s’adaptant aux particularités françaises. Ce qui montre bien qu’il n’y a pas UN modèle de gouvernance mais des "systèmes de gouvernance".
Le principe de gouvernance souhaite que les sociétés humaines se dotent d’institutions, de représentations, de règles voire de rites, de valeurs et de pratiques pour s’autogérer et permettre à tout citoyen de participer à la vie politique et d’agir sur celle-ci. La gouvernance « repose sur un espace régulé de jeu, où chacun peut et doit jouer. […] avec la garantie de « l’égalité des acteurs » […] « dans une participation continue. » (Moreau Defarges, p. 19-20). Face à cette conception, Normand écrit : « l’enjeu n’est plus l’égalité ou la cohésion à l’intérieur d’une société nationale mais le maintien de la performance des pays européens dans la compétition internationale. » (Normand, p.1). Lèverait-il le voile sur une intention cachée ? « Autrefois l’on était pauvre, malheureux parce que le Destin ou Dieu en avait décidé ainsi. Aujourd’hui la misère résulte de factuers « objectifs », éducatifs, familiaux, biologiques… Le « système » ou la société, s’assignant le but très ambitieux de faire accéder tous les hommes à la prospérité et au bonheur, se retrouve responsable des échecs, des ratages, des exclusions. » (Moreau Defarges, p. 97) ; Ne pas abandonner les exclus semble acquis mais comment les faire participer au jeu de la gouvernance ?

Je reste convaincu que cela passe par un accès au multi-culturel, non pour UNE culture désignée comme unique référence mais une culture transdisciplinaire enrichie de différentes cultures. Et je retiens cette définition de la culture « J’appelle culture, la provision disponible du savoir où les participants de la communication puisent leurs interprétations lorsqu’ils s’entendent sur quelque chose appartenant à un monde. » (Habermas, Logiques des sciences sociales et autres essais, PUF, 1982-1987, p. 435). N’est-ce pas dans la perspective énoncée plus haut que la culture se réfère à un ensemble d’institutions et de représentations qui assurent la cohérence d’une société ? Ces représentations, à la fois processus et résultats, s’exercent sur les objets, les évènements, les personnes et les savoirs devenant ainsi une grille de lecture du monde dans lequel le sujet évolue. Ces re-présentations se substituent aux objets, aux évènements, aux personnes et aux savoirs momentanément absents. Le sujet entreprend une communication à partir de son monde vécu. Il s’imprègne d’une culture en élaborant son langage et conjointement en structurant sa pensée, puisque l’un sert l’autre et vice versa. Il s’exprime et fait confronter le monde subjectif avec le monde objectif pour que se construise peu à peu sa propre représentation du monde social. Il intériorise le monde et peut alors recommencer à vivre un nouveau monde qui lui est extérieur. Et la boucle continue. C’est à l’intérieur de cette sphère culture-langage-pensée, dans cet espace d’agir communicationnel, que se joue toute la culture « humaine » car elle ouvre l’Etre vers l’Autre, cet Autre qui n’est pas un alter ego mais cet étrangeté de l’être à la fois si semblable et si différent, provocateur de méfiance autant que de curiosité…
Si je reste convaincu que la culture est un moyen d’exercer la gouvernance, c’est parce qu’elle donne la possibilité de dialoguer, d’argumenter, d’échanger dans le respect de l’autre. Toute société, tout état, toute tribu repose sur le trépied Chef, Religieux, Savant. Et l’histoire a montré que la Culture était le garde-fou des deux premiers qui s’acoquinaient pour l’écraser ! Arendt (1972) a montré que la crise de la culture est une conséquence de l'effondrement de la tradition, de la religion et de l'autorité, trois sources de modèles de vivre, de penser et d'agir en Occident. Ils ont été relativement stables et ont fourni des idéaux et des symboles incarnés dans des pratiques concrètes et des institutions durables.
Si la tradition met les humains en rapport direct avec les modèles du passé . Ceux-ci ne donnent au présent toute sa valeur si la tradition reste vivante et non figée dans un mythe passéiste. Si « L’éthnie doit recréer la tribu originelle, celle qui n’a jamais existé, mais qui représente l’âge d’or. » c’est qu’elle n’a pas su ou pu faire le travail de mémoire, identique au travail de deuil dont parle Ricoeur, confondant devoir de mémoire et travail de mémoire.
La religion ne doit pas perdre de vue qu’elle doit inciter l'homme à s'interroger sur son avant-Etre et sur son après-Etre, sans prétention à une quelconque Vérité. Elle doit s’exercer dans un espace de laïcité reconnu. Laïcité vient du grec laikos « du peuple » puis du latin ecclésiastique laicus s’opposant à cléricus « clergé ». C’est un terme introduit au XIIIème mais rare jusqu’au XVIème. Laïcité est un terme du XIXème. La laïcité concerne ce qui ne fait pas partie du clergé, et donc qui est indépendant de toute question religieuse. Cette définition est à la base du principe de séparation de la société civile et de la société religieuse. Ainsi, la laïcité peut être le lieu de rencontre, le lieu du débat et de l’équilibre d’opinions exprimés librement. C’est un défi au pluralisme identitaire. C’est l’autorité garante de l’obligation d’écouter l’autre et de tenter de le comprendre. Nous sommes bien dans les principes de gouvernance que nous avons déjà énoncés. La laïcité n’est pas la neutralité, car elle peut soutenir deux composantes de l’homme : la liberté et la parole. L’un des enjeux de la gouvernance est bien de passer à un art de vivre le pluralisme dans la confrontation à l’autre. Je défends cette option car elle peut être l’enjeu d’équilibre de la société où chaque personne trouve une place d’être et non d’individu. Cela se veut une réponse à « l’adaptation de l’école à une société pluriethnique et pluriculturelle. » (Normand, p.6)
Quant à l’autorité, elle cherche à déterminer des hommes, des discours, des actions ou des représentations abstraites qui servent d'étalon pour évaluer des choses, des hommes, des actions, des représentations et qui sont chargés de valeurs positives méritant d'être imitées ou suivies. Il y va d’une autorité collective. « L’ordre, au lieu d’être imposé d’en-haut top-down) et détesté, est modelé d’en bas (bottom-up). L’enjeu n’est plus de se mobiliser contre un ennemi extérieur mais d’obtenir le consentement de chacun à des disciplines. » (Moreau Defarges, p. 39).

La gouvernance a à voir avec toute politique éducative. Si cette politique éducative est liée au système politique, c’est parce qu’elle subit le système économique, tributaire du système démographique et mis en place par un système administratif, fort bien analysé par Romuald Normand. Ces systèmes sont des ensembles organisés en éléments pratiques, logiquement solidaires, en interactions, en vue d’obtenir des résultats. D’où, l’idée d’un rapprochement important. Mais il ne faut pas oublier que ces systèmes sont issus de cadres philosophique, éthique, religieux, socioculturel, historique, physique et géographique. Ces cadres sont des structures imposées par l’homme ou la nature et qui pèsent sur les systèmes. C’est le démêlage de l’enchevêtrement des systèmes, contextes sociaux du moment d’avec les cadres révélant une intention présente ou passée et d’un environnement naturel qui permet une modification de toute politique éducative. Il en va de l’épanouissement de l’élève au sein même d’une école qui change qui devrait s’occuper d’avantage des points communs que des différences.